Souhaitant me reconvertir vers l’élevage d’insectes comestibles, je cherchais une porte d’entrée, quelque part où je pourrais me renseigner, en apprendre plus sur les enjeux mais aussi rencontrer des acteurs mondiaux dans cette industrie.
Je me suis donc dirigé vers un événement aux Pays-Bas : le Symposium Insect Space.
Symposium Insect Space
Ce symposium était tellement dense que je n’ai clairement pas pu écrire tout ce que j’aurais voulu en un seul article.
Le résumé lui-même du Symposium est un article imposant, donc j’ai décidé de diviser cet événement en plusieurs articles. Celui-ci ayant pour thème : Entrepreneurship, l’Entreprenariat.
Cliquez ici pour lire l’article en intégralité.
Entrepreneurship
Qu’est-ce qu’il nous embête encore avec des mots anglais ? J’ai fait exprès de vous laisser les titres en anglais, déjà pour être sûr de pas perdre de pertinence dans la traduction. Mais ici en particulier : entrepreneurship.
L’entreprenariat est un thème qui m’a toujours intéressé et inspiré. C’est le défi ultime, créer une entreprise, gagner sa vie avec ses idées, le défi est de faire adhérer les autres, car sans client, on ne peut pas appeler ça une entreprise.
Pendant un peu plus de 2 heures on a écouté 5 entrepreneurs raconter leurs histoires, comment ils ont réussi à faire adhérer les gens à leurs idées, leurs produits : les insectes comestibles.
Massimo Reverberi
Notre premier intervenant était Massimo Reverberi, il n’était pas physiquement présent, mais grâce à la technologie moderne, il était présent avec nous en vidéoconférence.
Massimo Reverberi est le fondateur de Bugsolutely, et sa présentation s’intitulait : “Bugs crawling to the supermarket shelves. The New World of Insect-Based Consumer Packaged Goods.”
Un titre un peu long, mais assez précis. Pour résumer, il nous raconte comment les produits contenant des insectes comestibles s’installent peu à peu dans les rayons de nos supermarchés.
Au début, les insectes étaient vendus entiers, la curiosité et la surprise étaient l’effet recherché, le but était de choquer le public, mais il fallait ensuite passer à l’étape suivante, l’introduire dans des produits que l’on consomme déjà.
Ajouter des insectes permet de créer une plus-value, que ce soit le côté exotique, le côté écologique ou encore le côté énergétique, c’est le même ingrédient.
Après les insectes entiers, il a fallu les mettre en morceaux, ils restent visibles mais sont moins mis en valeur. Maintenant, nous créons beaucoup de produits avec de la poudre d’insectes.
Que ce soient des barres, de la sauce, des pâtes, des biscuits, des chips ou même des boissons, on arrive à intégrer les insectes un peu partout dans notre alimentation quotidienne.
Malgré le fait que plus de 2000 espèces d’insectes soient comestibles, on en revient très souvent aux mêmes. Bugsolutely a voulu explorer un insecte peu exploité et pourtant élevé en masse en Asie, le ver à soie.
Ils viennent d’ailleurs de lancer un nouveau produit : Bella pupa, des chips aux vers à soie. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas encore pour le marché Européen.
Malgré les améliorations dans les régulations, il est encore difficile de commercialiser des insectes en Europe.
Mais ayez-en conscience, les insectes arrivent dans nos supermarchés, que vous soyez prêts ou non à les consommer, ils seront disponibles !
J’ai demandé à Massimo s’il pouvait partager quelques mots exclusifs à vous mes lecteurs : “Forget the yuck factor, that relates mostly to eating whole insects and will quickly disappear with packaged, processed insect products. What we need is a wider range of tasty, well designed food products, and the support from the retail market. Being on the shelves and not just online is the turning point of the edible insect phenomenon”. Voilà comment il a résumé sa présentation pour tous ceux qui n’étaient pas présents.
Marleen Vrij
Il y a toujours un imprévu, sinon c’est étrange, tout ne peut pas être parfait, et l’intervenante Marian Peters n’a pas pu être présente au Symposium, alors nous avons accueilli Marleen Vrij, R&D chez New Generation Nutrition.
Alors que la présentation initiale devait s’intituler “Insects and market opportunities: the route from a niche product to bulk application.”, Marleen l’a un peu modifiée à sa sauce pour nous expliquer plutôt son domaine, mais je n’ai malheureusement pas pu noter son nouveau titre.
Chez NGN, ils ont décidé d’opter pour la nourriture destinée aux animaux, type halieutique, la législation est moins stricte et la demande est déjà forte.
Saviez-vous que pour élever des poissons, on les nourrissait de poissons ? Cela ne semble pas très durable, et vous avez raison, ça ne l’est pas.
Marleen insiste sur le fait que pour réussir à vendre les insectes, il faut vendre la bonne histoire avec.
Alors, de nos jours les législations autorisent les insectes comme source de nourriture pour les poissons, et ils seront bientôt autorisés dans les élevages porcins.
Un gros problème chez NGN, et très probablement chez les autres entreprises, est de trouver des usines qui acceptent de transformer les insectes. Beaucoup d’entres elles en ont encore peur.
C’est pour cela que Marleen insiste sur un point de vue, il ne faut surtout pas laisser les insectes visibles si c’est pour la consommation humaine, ça a l’air dégoûtant, son avis est de cacher les insectes.
Evelien Donkers
L’intervenante suivante venait d’une entreprise que je commence à bien connaître. Evelien Donkers est développeuse commerciale et responsable nationale de l’aile allemande et néerlandaise de Jimini’s.
Sa présentation s’intitulait “How Jimini’s is successfully commercializing its products.”
Evelien a une approche différente des autres, elle décide de ne pas utiliser de diapositive, une approche moderne qui suscite l’attention de tout le monde car nous n’avons plus rien pour nous distraire, nous devons l’écouter !
Comme Evelien, Jimini’s a une approche jeune et dynamique, ils sont au coeur des start-ups et utilisent les moyens de communication modernes pour créer leur entreprise.
Elle cite en particulier leur approche par Instagram, un réseau social très apprécié par les jeunes de nos jours. Ils ont créé leur propre effet de mode : L’apéro Jimini’s (si vous voulez voir ce qu’est un apéro Jimini’s : cliquez-ici pour lire mon article à ce sujet.)
Les jeunes découvrent quelque chose de nouveau, quelque chose de rigolo, les insectes comestibles, ils vont partager sur les réseaux sociaux #ApéroJiminis. C’est comme ça qu’on finit par se faire reconnaître.
Ils veulent changer l’avis des humains sur les insectes, en évitant de les embrouiller avec beaucoup d’informations scientifiques. Ils savent que leurs boîtes apéros ou leurs barres ne changeront pas le monde et n’auront pas beaucoup d’impact écologique, mais lorsque les gens auront accepté les insectes, c’est là qu’on peut créer une différence, pas avant.
Une fois que le public aura accepté que les insectes puissent entrer dans notre alimentation, ils pourront accepter de nouveaux produits. D’abord l’apéro, ensuite la barre, et peut-être qu’après ils pourront essayer les pâtes ?
Pour citer Evelien : “People don’t really know how to use insects as an ingredient. We try to make this easier by designing easy-to-use products made of insects”. Les gens ne savent pas se servir des insectes comme un ingrédient. Chez Jimini’s, ils essayent donc de leur rendre la vie plus facile en créant des produits à base d’insectes faciles à utiliser.
Max Kramer & Baris Ozel
Max Kramer et Baris Ozel sont les fondateurs de l’entreprise Bug-foundation en Allemagne.
Le titre de leur présentation est très long, donc je ne vais pas vous le traduire : “Establishing insects – changing the eating habits of a whole continent. From the first kitchen trials to the selling in hundreds of supermarkets, the two founders Baris and Max will portray their entrepreneurial history and experiences.”
Ce duo nous a montré beaucoup de photos, c’était un peu comme s’ils nous racontaient leurs vacances, mais en réalité c’était toute l’histoire de leur entreprise.
Ils nous ont dit : “We want to change the eating habits of a whole continent !”, ce qui en français donne : Nous voulons changer les habitudes alimentaires d’un continent entier.
C’est un gros défi qu’ils se lancent, et ils décident aussi de choisir un produit totalement différent. La plupart des entreprises ont débuté avec des snacks ou des amuses-bouches.
Chez Bug-foundation, ils n’ont pas voulu créer un autre de ces produits, ils voulaient de la “serious food”. Quelque chose que nous puissions réellement utiliser dans notre repas quotidien, et un produit qui aiderait à faire une vraie différence.
Du développement à la commercialisation, le chemin est semé d’embûches, Baris et Max nous racontent comment ils ont surmonté tous les obstacles, et comment très récemment ils avaient réussi à lancer leur produit, le steak d’insectes. Une alternative comme le steak végétal. Un produit au prix abordable et disponible dans déjà beaucoup de supermarchés en Allemagne.
Après ces 4 présentations très denses, nous avons eu le droit à un petit snack. L’entreprise Little Food nous a acheté avant même de commencer, une stratégie très effective.
Si ce que nous avons pu goûter vous intéresse et vous voulez en savoir un peu plus sur ce petit snack : cliquez-ici, j’ai aussi écrit un article dessus !
David Mellett
David Mellett est le co-fondateur de Little Food en Belgique.
Sa présentation s’intitulait : “Insects are the present, not the future. How can we accelerate the edible insect market in Europe ?”
Nous avions déjà entendu beaucoup d’avis et d’informations sur les insectes comestibles tout au long de la journée, et nous venions tous de les goûter, il a donc présenté les insectes selon son point de vue et sa spécialité : le point de vue économique.
Il a trouvé un petit moyen mnémotechnique pour qu’on se souvienne des points cruciaux à améliorer chez les insectes comestibles : les 6 P’s.
- Des Produits qui apportent du plaisir, on peut être un bon marchand, vendre de belles histoires, mais à la fin, ce n’est pas l’histoire qu’ils mangeront, c’est le produit. Il dit même : “An insect product must taste good. Otherwise people will immediately averse insect foods and won’t buy your product or any other insect food product anymore.”
- Le Prix, un des facteurs qui est revenu plusieurs fois aujourd’hui, c’est le prix, lorsqu’on est au magasin, on regarde souvent l’étiquette, on regarde le prix, les insectes comestibles sont encore trop chers.
- Il faut Promouvoir, la production c’est bien, mais il faut de la publicité, surtout dans un secteur que les gens ne connaissent pas. Il nous montre un exemple, les sociétés Coca-Cola et Apple, tout le monde les connaît, ou que vous soyez dans le monde, et ils dépensent encore une somme phénoménale en publicité.
- Le Partenariat avant de créer une compétition, il faut créer un marché, s’entraider, lorsqu’il y aura un vrai marché, à ce moment-là chacun pourra se battre pour les restes, mais sans entraide, il est impossible d’avancer.
- La barrière Psychologique, beaucoup de personnes refusent de consommer des insectes, et pour la majorité d’entre eux, il sera impossible de changer ça, c’est ancré au fond d’eux, il faut donc viser les jeunes générations, les enfants, les éduquer correctement pour éviter les aversions instinctives.
- Le dernier P : la Politique. Il faut être transparent, ne rien cacher, construire des législations correctes et que les politiciens s’impliquent. Une des raisons pour lesquelles l’entomophagie est si acceptée aux Pays-Bas (autre que parce qu’ils sont juste un peu fous) c’est que leur ministre de l’agriculture a ajouté au menu de leur restaurant les insectes comestibles.
Si on résume, pour populariser l’entomophagie il faut : de bons produits, à un prix raisonnable, beaucoup de publicité, de l’entraide, il faut dépasser les préjugés et l’aide des figures politiques. Si l’on en croit ce que David dit, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour le marché des insectes comestibles.
Je pense avoir assez bien retranscrit l’essentiel de ce qui a été dit au Symposium Insect Space dans le thème de l’entreprenariat.
Je ne possède aucune des images utilisées dans cet articles, tous les droits reviennent aux entreprises respectives.
Si vous voulez tout savoir sur le Symposium Insect Space, je vous invite à lire mon article le concernant, il pourra ainsi vous rediriger vers les autres articles (oui, cet événement était très dense et nécessite plusieurs articles). Pour découvrir les autres présentations : cliquez ici.
J’espère que cet article vous aura plu, je vous invite à me suivre sur ce blog et les divers réseaux sociaux sur lesquels je suis présent pour ne pas louper tous les prochains !
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